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- Avocat
par Thibault de Ravel d’Esclaponle 3 décembre 2012
Ah, l’intéressante personnalité que celle de Fouquier-Tinville ! Que n’a-t-on écrit sur l’accusateur public du tribunal révolutionnaire ! Que n’a-t-on pu lire sur ce procureur de la Terreur, ce personnage aux yeux perçants, clouant au pilori la ribambelle hétéroclite de suspects dont il devait faire l’affaire ! Il fallait, dit-on, se l’imaginer, paradant avec son chapeau un peu ridicule, à la Henri IV, coupant la parole à Danton et maltraitant la frivole Marie-Antoinette devenue devant ses juges la triste veuve Capet. L’opprobre alimentée par la réaction thermidorienne a fait son œuvre : longtemps, Fouquier-Tinville n’a pas eu bonne presse.
Pourtant, l’homme est sujet à la controverse. Était-ce un illuminé, aussi sûr de sa mission que Robespierre l’était de sa vertu ? N’était-il qu’un obsédé du chiffre, du rendement : le nombre de raccourcis à la décade ? Un homme dont la vue n’était satisfaite que par le départ de charrettes remplies de ses victimes confiées aux bons soins de l’ami Sanson ? L’historiographie contemporaine a progressivement fait son travail. Il est venu le temps de questionner le modèle habituellement présenté, celui de son procès. Retour donc, sur l’itinéraire d’un enfant pas franchement gâté par la postérité.
Le petit Antoine-Quentin Fouquier avait tout pour être heureux quand il nait en 1746 à Hérouël, près de Saint-Quentin. Plein cœur du Vermandois historique, il a de quoi gambader. Et puis, Eloy, le père est loin d’être pauvre. Cultivateur enrichi, à la tête d’un joli domaine, il s’est aussi embourgeoisé. Antoine-Quentin n’est pas tout seul. Il est le second d’une famille de six enfants, dont cinq garçons. Et parce qu’à l’époque c’était sans doute un peu mieux vu qu’une cinquantaine d’années plus tard, chacun des fils prit le nom de la terre que leur père leur avait réservée. Comme son paternel, Antoine-Quentin sera Fouquier de Tinville. En bref, une bonne famille, bien de l’Ancien Régime, comme les aimait Robespierre.
Fouquier est élevé chez des religieux à Noyon. Noyon, ce n’est pas encore Paris, mais bon, on s’en rapproche. Du moins, c’est sur la route. Il y parvient en 1765, à dix-neuf ans, le bon âge. Mais pourtant, ce n’est pas dans la capitale que Fouquier fera la noce. Au contraire, sa vie est occupée par son travail et l’on est loin des réjouissances de Versailles. Voilà qu’il se retrouve clerc chez Me Cornillier, un procureur au Châtelet, rue du Foin-Saint-Jacques. La besogne n’est pas franchement excitante. À la plume d’oie, il copie, transcrit, recopie et compte les pièces de procédure. Il court les salles d’audience ; c’est l’archétype du robin fin XVIIIe, croulant sous les dossiers. Sa condition financière n’est pas au mieux, loin s’en faut. Logé et nourri certes, mais pas blanchi. Et sa...
Antoine Quentin Fouquier de Tinville
Antoine Quentin Fouquier de Tinville, dit Fouquier-Tinville, est né en Artois d'une famille paysanne relativement aisée, le 10 juin 1746. Magistrat français de l'époque révolutionnaire, Fouquier-Tinville meurt guillotiné à Paris le 7 mai 1795.