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Dans Libera me, une autobiographie rédigée sous forme de dictionnaire, l’avocat et écrivain François Gibault raconte par petits textes les procès de l’OAS et de Bokassa, ses fréquentations mondaines et ses passions littéraires.
le 4 juin 2014
François Gibault est pétri de contradictions. Homme de tradition, il est très attaché au progrès ; il aime l’ordre et la rigueur, mais se complaît aisément dans un anarchisme « de droite » qu’il a toujours cultivé. Jusque – et surtout – dans l’exercice de son métier d’avocat : défenseur tour à tour de militants de l’OAS (souvent) et du FLN (parfois), de pauvres hères et de fameux notables, de l’empereur Bokassa 1er et, plus récemment, de André Bamberski, l’homme a mené une vie truculente et engrangé en cinquante-sept ans de carrière une expérience abondante, qu’il raconte dans le glossaire Libera me (Gallimard, coll. « Blanche », 432 p.).
Les inventaires, les listes, les dictionnaires sont à la mode. Dans ces derniers, on y picore dans l’ordre que l’on veut anecdotes, mini récits et portraits éclairs. Notre esprit zappeur se complaît dans ce foisonnement de petits textes, bien rangés de A à Z, de Charlotte Aillaud à Jeanne et Pépita Zuéras, de prologue à épilogue. Mais derrière l’illusion de la discipline irréfutable de l’alphabet, se cache un formidable désordre qui recèle les mille et une expériences, les rencontres, les événements qui ont marqué la vie de l’auteur. Enfance bourgeoise dans son hôtel particulier de la rue Monsieur (7e arrondissement de Paris) où il vit encore, guerre d’Algérie, guerre des prétoires. Parallèlement à une carrière riche et remarquée, il parcourt le monde, fréquente Françoise Sagan, Jean Dubuffet, Marcel Aymé et beaucoup d’autres.
Homme de lettres et homme de plume, François Gibault est le premier biographe de Louis-Ferdinand Céline, l’ami et le conseiller de sa veuve, Lucette Almansor, qui veille encore à 102 ans sur l’œuvre de l’écrivain du Voyage, grand humaniste et pamphlétaire vociférant, toujours servi par une langue explosive, un art de l’outrance et de l’invective jamais égalé. Un anarchiste amateur d’ordre, lui aussi, qui hante chaque page de cette autobiographie (Céline, Tome I, II et III, Mercure de France).
La rédaction : Levons le voile tout de suite : quelle définition consacrez-vous à Céline dans Libera me ?
François Gibault : La plus courte et la plus simple qui soit. C’était une plaisanterie volontaire, car beaucoup de gens en ouvrant le livre se sont précipités pour voir ce que j’allais dire de Céline, pour ne voir finalement que quelques lignes et une définition a minima. Mais ça n’avait aucun sens d’écrire une ou deux pages sur celui qui est absolument partout dans le livre. Ceux qui veulent en savoir plus peuvent se référer à ma biographie.
La rédaction : Pourquoi avoir choisi cette forme du dictionnaire...
François Gibault
François Gibault, 82 ans, est avocat et écrivain.