Procès de la taxe carbone : Arnaud Mimran ou « le loup blanc »

Arnaud Mimran a repris ses notes, ses lunettes de vue et sa bouteille. Il est sérieux. La journée va être longue. Sous le feu des questions du président du tribunal correctionnel et des deux procureurs du parquet national financier, l’homme d’affaires pare. Ce qu’il raconte, lors de cette seconde journée d’interrogatoire, c’est un monde d’argent, de lignes jaunes franchies, d’affaires, de coups durs, de relations, de famille et de confiance. Et un peu de peur et de « soumission » aussi. La veille, il avait expliqué comment Samy Souied, l’un des « cerveaux » de l’escroquerie - retrouvé mort en 2010 -, lui avait demandé huit millions d’euros pour un « projet ». Arnaud Mimran affirme qu’il ne sait rien de ce qui se trame. Ce n’est que « progressivement » qu’il va comprendre que Souied, Mouly et d’autres ont monté une géante et géniale arnaque : celle qui consiste, par le biais de sociétés fantômes, à acheter des droits à polluer à l’étranger – sans TVA – et à les revendre – avec TVA- sur le marché financier français « Bluenext » en omettant de verser la taxe à l’Etat. Une mécanique infernale reproductible à l’infini. Ou au moins jusqu’à ce que le gouvernement siffle, très tard, la fin de la récré. Il est déjà trop tard. Plus de 1,6 milliards d’euros ont été détournés.

Pour réussir ce jeu d’enfant, il fallait des mises de départ. Arnaud Mimran est riche, il a une famille fortunée, il a vendu sa société pour 35 millions d’euros, il « boursicote ». Bref, il a de l’argent et il a une réputation. Il le dit lui-même, cela lui a apporté des tas d’ennuis. « Chaque fois qu’il y avait une ombre dans le monde financier, c’était Arnaud Mimran...