Ces grands procès qui ont fait la justice : de Troppmann à Outreau

Les grands procès de l’histoire valaient bien un ouvrage. Plus encore, ils valaient bien une exposition. C’est désormais chose faite, en ce moment même, avec le livre d’Emmanuel Pierrat publié aux Éditions La Martinière, et avec l’exposition qui s’est ouverte il y a peu au musée du Barreau de Paris, dont la destinée est prise en mains par le même avocat, conservateur ayant succédé à François Gibault. Par réflexe de juriste sans doute, privilégions, pour rendre compte de cette actualité, une démarche partant du général au spécial. En effet, le livre relate plus d’affaires que l’espace et les collections du musée n’ont permis de le faire au sous-sol de l’hôtel de La Porte.

Le livre d’Emmanuel Pierrat doit répondre à un défi né de l’augmentation constante des « beaux livres » : celui d’être à la hauteur de l’objet que le lecteur tient en mains. En effet, celui-ci est de belle facture. Les éditions La Martinière avaient d’ailleurs déjà expérimenté ce procédé consistant à insérer, dans des pochettes, des documents en fac-similé. Ici, l’on trouvera des actes d’accusation, des reproductions de plaidoirie, en manuscrit ou en tapuscrit. Les dessins croquent les audiences, en restituent les atmosphères et retracent les plans de scènes de crimes. Le livre n’est alors pas simplement livre, il est aussi dossier ; de sorte qu’il est déjà, à lui seul, un petit musée.

Il ne doit cependant pas être simplement applaudi pour ses seules qualités esthétiques. Et disons-le d’emblée, l’ouvrage évite deux écueils. Ce n’est tout d’abord pas un musée des horreurs. À tout le moins n’est-ce pas un musée des horreurs pour l’horreur, ni même une sorte de cabinets de curiosités. L’auteur ne se limite pas, très justement, aux affaires criminelles de droit commun et s’aventure sur le terrain du crime contre...