Une douzaine de jours avant le renouvellement (intégral) du CSM, une délégation de neuf de ses membres arrive à Nanterre (Hauts-de-Seine). Une juridiction à laquelle le conseil a déjà rendu visite au cours de son mandat de quatre ans, comme d’ailleurs à toutes celles de France et de Navarre, ce qui éclaire ses choix en termes de nominations, et accessoirement de discipline. Ce dernier tour de piste fait évidemment écho au décès, en pleine audience correctionnelle, de la magistrate Marie Truchet, le 18 octobre dernier. Depuis l’auditorium aux couleurs acidulées de cette annexe plus ou moins provisoire, on a une vue imprenable sur la façade éventrée, pour cause de rénovation énergétique, du tribunal « historique », de l’autre côté de la place. Restent des plateaux de béton brut avec, curieusement, une partie du mobilier de bureau toujours en place. Une vision qui « résume parfaitement la situation à Nanterre », lâche d’ailleurs une magistrate en l’immortalisant avec son smartphone.
Au fil de la journée, se succèdent ainsi chefs de cour et de juridiction, flanqués de leurs secrétaires généraux respectifs, mais aussi directrice de greffe, représentants du barreau et des organisations syndicales, qui cèdent finalement la place à une assemblée générale des magistrats. Autant d’échanges qui seront ensuite condensés à l’attention de la chancellerie, et plus précisément du Directeur des services judiciaires (DSJ). Certains ici ne saisissent pas bien les contours de cette énième mission, qui se superpose à l’information judiciaire, aux travaux d’instances comme le CHSCT, à une imminente inspection, etc. « C’est un peu facile d’aller chercher des responsabilités dans le fonctionnement des services », s’agace par exemple une syndicaliste sur la défensive, « alors que c’est là-haut que ça se passe, parce qu’on ne nous donne pas les moyens de travailler correctement ! ».
Alors, régulièrement, le conseil précise les raisons de sa venue : « Les évènements font qu’on a trouvé utile, voire indispensable, de revenir, pour faire des constats sans doute, les faire remonter à qui de droit, et aussi montrer notre soutien à la juridiction ». Si on était mauvaise langue, on pourrait ajouter à cette énumération que le CSM occupe au passage le terrain pour manifester sa volonté, formulée notamment dans sa contribution aux états généraux de la justice, de voir son rôle consultatif étendu à un certain nombre d’arbitrages budgétaires et organisationnels.